La vraie vie des mamans solos : Sabrina Philippe répond à nos questions

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La vraie vie des mamans solos : Sabrina Philippe répond à nos questions

Berlin, le 22 mai 2013 – Le nombre de mamans célibataires est en constante augmentation depuis ces dix dernières années. Elles seraient aujourd’hui en France entre 1,5 et 2 millions. A l’occasion de la fête des Mères, eDarling a mené une étude et a souhaité répondre à ces questions : quelles sont leurs difficultés au quotidien ? Quel regard portent-elles sur leur situation et leur statut ? Comment envisagent-elles l’amour et les rencontres ?

Des résultats analysés et commentés par Sabrina Philippe, psychologue et conseillère eDarling, spécialiste des relations homme-femme.

Retrouvez le tèmoignage de Stéphanie, maman célibataire de 34 ans, en cliquant ici

Des mamans très solos

Quelle est la situation des femmes qui ont participé à cette étude ?
Aujourd’hui on parle beaucoup, et à juste titre, de la place et du rôle paternel lors des séparations, mais la réalité est souvent bien différente. 53 % des mamans interrogées ont la garde quasi-totale de leurs enfants (35 % des enfants ne voyant pas du tout leur père), seules 14 % d’entre elles partagent alternativement cette garde. Et elles sont 43 % à n’avoir quasiment plus de contact avec ce père. Beaucoup d’entre elles sont donc très seules dans l’exercice de leur rôle parental.

Quelles en sont les répercussions ?
Très logiquement, elles sont 27 % à déclarer qu’il est très difficile pour elles d’assurer le rôle de père et de mère en même temps, et plus de 30 % à affirmer qu’elles ont beaucoup de mal à conserver une vie de femme et à faire des rencontres. Vient ensuite la difficile conjugaison de la vie personnelle et professionnelle pour 26 % d’entre elles. Les mères célibataires ont souvent peu de temps pour elles. 42 % affirment rarement sortir pour voir leurs amis, ce qui les isole un peu plus, s’accordant de temps en temps une pause shopping (47,8 %), et un peu de repos (44,6 %). D’ailleurs, quand on leur demande quelle loi devrait être inventée pour les aider, beaucoup revendiquent un soutien financier certes, mais également un soutien moral, et une véritable reconnaissance de leurs difficultés et de leur statut, tant sur le plan professionnel que juridique. 57 % d’entre elles se sont déjà senties discriminées en tant que mamans solos.

Pensez-vous qu’il y ait des domaines où elles soient encore lésées ?
Vie professionnelle, vacances, accès à la propriété… je crois que nous pouvons encore trouver de nombreux exemples.

Solo certes, mais fortes !

En terme d’estime de soi, comment ces mères se perçoivent-elles ?
La majorité de ces femmes (près de 56 %) pense que la société porte sur elles un regard neutre, car leur situation est désormais entrée dans les mœurs. Elles ne se soucient donc pas du tout du regard des autres (67,8 %). C’est un phénomène très récent dans notre société, il y a 30 ans , nombre d’entre elles cachaient encore cette solitude.

Cette acceptation sociétale les aide-t-elle à s’assumer ?
Tout à fait ! Pour la question « De 1 à 10, où se situe l’estime que vous avez de vous-même ? », c’est la réponse « Force de caractère et capacité à affronter les difficultés » qui obtient la moyenne la plus élevée : 8,04. Ces mères sont dans l’obligation de développer une certaine autonomie, de faire preuve d’imagination pour faire face à des situations ardues, ce qui est au final très valorisant.

On remarque d’ailleurs que les meilleurs aspects du statut de mère célibataire ne sont pas « avoir une relation privilégiée avec mon / mes enfant(s) » (26,5 %), mais « se sentir libre de faire ce que l’on veut, quand on le veut » (31,4 %). Les mamans solos auraient-elles un besoin plus fort de liberté ?

Je crois surtout qu’elles tournent à leur avantage une situation qu’elles n’ont pas toujours initialement choisie. Et cette sensation de liberté est en effet un avantage, en ce qui les concerne mais également, dans la relation qu’elles ont avec leurs enfants.

Du solo au duo

93,5 % des femmes interrogées souhaiteraient refaire leur vie sentimentale. Cependant, elles sont 66,6 % à assumer qu’il soit plus difficile de faire des rencontres amoureuses, du fait de leurs enfants. Comment expliquez-vous ce décalage entre l’envie et le passage à l’action ?
Comme nous l’avons vu, beaucoup d’entre elles ont la garde totale, ou majoritaire de leurs enfants, elles ont donc peu de temps à consacrer aux rencontres (23 %). Elles ont également peu d’occasions d’en faire. C’est pour cette raison que les sites de rencontres sont souvent utiles pour élargir leur cercle de connaissances. Mais majoritairement, elles ont l’impression que les hommes acceptent plus difficilement une femme avec des enfants (46 %). Elles avouent aussi être plus sélectives dans le choix de leur conjoint (43 %).

Pourquoi ?
Etonnamment, seules 30 % d’entre elles cherchent un homme qui soit déjà père. Mais plus de 60 % des mamans solos souhaitent qu’il soit un exemple pour leurs enfants. Les critères de choix d’un conjoint ne se limitent donc plus seulement au fait qu’il leur plaise : les valeurs morales et les capacités éducatives rendent cette recherche plus complexe. Comme le démontre cette étude, la vie des mamans solos est loin d’être un long fleuve tranquille. Gestion du temps, de l’argent, des loisirs, et des relations amoureuses, l’équation reste très souvent compliquée.

**Etude eDarling, réalisée auprès de 413 mamans célibataires